Un enfant est dit à « haut potentiel intellectuel » (HPI) lorsque son quotient intellectuel dépasse 130. Seul un test de QI réalisé auprès d’un psychologue formé permet de poser ce diagnostic. Un diagnostic rare qui ne concerne que 2 % de la population. Si être HPI n’est pas un trouble en soi, ces enfants et leur famille ont parfois besoin d’un accompagnement.
Les signes du haut potentiel intellectuel : comment reconnaître un enfant précoce ?
La question des signes du HPI préoccupe de nombreux parents. Ces signes sont variés et peuvent toucher des sphères diverses de l’apprentissage et de la personnalité. Ils ne sont pas tous présents chez les enfants précoces avec la même intensité et peuvent à l’inverse être présents chez des enfants non diagnostiqués HPI.
“Il s’agit d’un fonctionnement cognitif et de pensée marqué par des aptitudes, un potentiel, des capacités hors normes”, explique Rachida Raynaud, psychologue. Parmi les différentes caractéristiques du haut potentiel intellectuel, l’enfant possède une grande fluidité de pensée, une déduction logique très efficace, une pertinence dans ses raisonnements. Ce sont des enfants qui sont également souvent en avance dans le développement psychomoteur : ils marchent très tôt avec aisance, ont un excellent sens de l’équilibre, sont des bébés très éveillés de manière globale. “Le langage peut être très précoce, avec des enfants capables d’associer plusieurs mots et d’avoir un langage complexe bien avant deux ans. La mémoire est souvent très développée et ces enfants ont un vocabulaire très précis, sont pertinents dans le choix des mots”, détaille la psychologue. Cette dernière précise toutefois que si ces signes peuvent interpeller, il est impossible d’en faire une généralité.
Sur le plan psychoaffectif, les enfants HPI peuvent être intenses dans leurs émotions, avec une empathie très forte, un sentiment d’injustice développé, un besoin de contrôle, une intolérance à la frustration, des difficultés avec les changements et les imprévus. “Ils ont une grande vivacité dans la sphère émotionnelle, avec parfois des crises de colère forte”, ajoute Rachida Raynaud. L’hypersensibilité des enfants HPI touche également la sphère sensorielle, avec parfois des difficultés avec certaines matières, pouvant générer par exemple des crises autour de l’habillage.
Le HPI peut-il être lié à des problèmes de comportement, lesquels ?
“C’est ce que l’on constate souvent, c’est une opposition franche, marquée, intense. Une grande pertinence dans l’argumentation et une tendance à négocier tous les points. Ces enfants ont un grand sens des règles et s’accrochent aux détails et aux incohérences. Ils ont besoin de comprendre pourquoi on leur demande de faire telle ou telle chose”, observe la psychologue. Cela demande aux parents une certaine rigueur et peut conduire à des conflits. “Il peut y avoir une difficulté de positionnement dans la relation, avec l’enfant qui refuse d’accepter le cadre, la différenciation de posture adulte/enfant et qui remet perpétuellement tout en question en ayant besoin qu’on lui prouve et justifie les choses. Cela demande une grande rigueur aux parents.”, ajoute Rachida Raynaud.
Ces enfants peuvent également présenter une hyperagitation, des difficultés de sommeil, de l’anxiété, une difficulté globale avec les limites. “On peut aussi observer des crises émotionnelles liées à l’hypersensibilité, à la saturation cognitive et émotionnelle. Il a alors besoin de décharger ce trop-plein”, explique la spécialiste. “Ces enfants peuvent avoir des difficultés d’adaptation sociale, peiner à entrer en relation avec leurs pairs, ne pas se sentir à leur place”, explique la psychologue. On peut aussi observer des troubles du sommeil et de l’endormissement, avec des enfants qui ont du mal à lâcher prise et ne parviennent pas à arrêter de penser, réfléchir. Ils ont souvent des questionnements anxiogènes très tôt, comme des questionnements existentiels, qui peuvent être à l’origine d’une véritable anxiété.
Haut potentiel intellectuel : quel accompagnement pour un enfant précoce ?
Lorsqu’il n’y a pas de trouble associé, ou de difficultés particulières, aucun accompagnement ou suivi n’est nécessaire. En revanche, en présence de difficultés à la maison ou à l’école, il peut être utile de consulter un psychologue pour l’enfant lui-même et/ou pour faire de la guidance parentale. “Il y a des choses à travailler du côté de l’enfant mais aussi un travail à faire du côté des parents. La guidance parentale permet de les aider à comprendre le fonctionnement atypique et les particularités de leur enfant, et donc à adopter la bonne posture”, observe Rachida Raynaud.
L’accompagnement de l’enfant comprend plusieurs volets. Il peut notamment passer par des approches corporelles, de la psychomotricité, de la relaxation, de la méditation ou encore de la sophrologie avec un professionnel pour apprendre à l’enfant à se poser et à faire le vide. “Au niveau scolaire, il arrive que ces enfants s’ennuient. Cela peut donc être bénéfique pour l’enfant de l’aider à rester motivé, et d’être en lien avec l’enseignant pour des adaptations en classe, par exemple le mobiliser sur les temps creux avec du travail supplémentaire, des responsabilités dans la classe, la possibilité de sortir un livre, etc.”, recommande la psychologue.
Comportement : comment se faire obéir d’un enfant hpi et se comporter avec lui ?
Comme nous l’avons vu, les enfants HPI ont tendance à négocier. “En tant que parent, il faut réussir à ne pas être embarqué perpétuellement dans cet échange verbal que les enfants HPI adorent. Au contraire, l’adulte doit savoir mettre un stop, une limite et apprendre à ne pas se justifier lorsque la règle n’est pas négociable”, recommande Rachida Raynaud. Cette dernière ajoute qu’il peut aussi être angoissant pour l’enfant d’être dans cette position de négociateur tout le temps. “Ils doivent se sentir en sécurité parce qu’un adulte peut les prendre en charge au quotidien, les rassurer. Les laisser penser qu’ils peuvent renverser les situations, uniquement par la négociation, comme ils le veulent, contribue à l’anxiété”, explique la psychologue.
L’enjeu pour les parents est de trouver le bon équilibre entre être trop rigide et être trop permissif. “Pour que ça se passe le mieux possible il faut donner des responsabilités aux enfants, les faire participer aux décisions du quotidien, laisser une place à cette vivacité de pensée, mais en faisant attention en se limitant à des débats à leur niveau, afin de leur permettre d’avoir une prise sur leur environnement en respectant leur âge et place d’enfant”, conseille la psychologue.
Quelles activités pour un enfant HPI ?
Les enfants HPI dégagent une impression d’intensité globale du comportement, avec un besoin d’être nourri en permanence et une difficulté à affronter les temps de latence et d’ennui. “Pourtant il faut les aider à se mettre des limites, à accepter l’ennui et à éviter la surstimulation vers laquelle ils tendent. Plutôt que de les nourrir en permanence d’activités variées il faut aussi savoir calmer le jeu” et donc trouver un équilibre, recommande Rachida Raynaud.
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